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The rest is silence.

3 mai 2008

Réécriture infantile d'Oedipe.

Les images du journal télévisé étaient suspendues dans l'air empesté de la cuisine, et parlaient, juste hachées par le tintement de la fourchette contre l'assiette, qui les ignoraient et ne les voyaient pas. L'oeil noir, mauvais du père et son sourcil froncé guettaient à la dérobée son lent va-et-vient, d'une lenteur qui s'étendait à n'en plus finir, une insupportable lenteur à abréger, au plus vite. Là ! Et la bouche qui dégueula les reproches mêlés à la nourriture, et les cris qui couvrirent d'un coup le défilé d'images. Tout cela dans un silence écrasant. Tout pesait et broyait l'enfant, qui n'avait faim de rien. Après ce soigneux dépeçage, tandis que la table tremblait, il ingurgita et remonta aussitôt dans sa chambre, suivi d'un regard furieux. Il ne s'empressa que dans l'escalier, pour distancer le noir que jamais il n'osait dissiper. La porte de son mutisme s'était refermée sur lui.

Il y avait les livres, beaucoup de livres et d'imagination pour dessiner leurs mots. Mais la poussière, au fil des ans, se déposait sur eux. Un jour, elle serait balayée par un souffle, pour alors voler en éclats dorés.

Il y avait les rêveries, de nombreuses rêveries, le jour ; mais la nuit, lorsque le noir s'infiltrait jusque dans les moindres recoins de sa chambre jaune et bleue, jusque dans son imagination et son sommeil - mais la nuit, de nombreux cauchemars. Une interminable poursuite, qui reprenait là où elle s'était arrêtée la veille. Un jour, elle serait vécue, à bout de souffle, pour alors voler le temps perdu et changer les rêveries en rêves.

Il y avait les dessins, des feuilles et de feuilles de dessins, qui voletaient en l'air et formaient un monde dansant de lignes et de visages riants.

Il y avait les peluches, trois peluches aux caractères tout à fait différent, qui s'animaient en l'absence de l'enfant et s'immobilisaient en sa présence, prêtes à recevoir son affection et lui rendre.

L'enfant lisait, mais n'avait jamais lu l'histoire d'Oedipe, pourtant il la vivait, pourtant il ne le tuerait pas. Il sera tué avant, à l'âge de dix-sept ans, et tuera à dix-huit. C'est là la fin et la suite de l'histoire, comme un drôle de livre, que personne n'a jusque-là essayé d'écrire.

Le souffle haletant, la lueur folle d'une lame fendait les feuilles, les livres et éventrait les peluches. Elle était à ses trousses et il courait à travers l'espace flou et lacéré, dans une cachette qu'il connaissait bien : il lui fallait fuir cette lueur blanche et acérée qui l'aveuglait, il lui fallait s'enterrer vivant et attendre là, allongé, le coeur battant, secouant en rythme la terre humide et sombre qui recouvrait sa blancheur. Il attendait. Et voilà la lame, comme une bête, en train de gratter frénétiquement, de remuer, de retourner et d'ébranler la terre. Elle l'en tira, tout merdeux, par les cheveux, et enfonça son oeil étincelant de fureur et noir de terre dans le ventre de l'enfant, lentement, et en sortit, lentement. Le sang ne perlait pas. Les enfants n'ont pas de sang dans leurs cauchemars, ni dans leurs rêves, ils n'ont qu'un cri - de joie ou de douleur - qui coule dans leurs veines. Son cri, ainsi que son corps, alla se perdre dans la poussière.

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1 mai 2008

Le soleil matinal de Pascal.

Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. (Pascal)


hopper

1 mai 2008

What is truth ?

C'est avec le langage que naissent la vérité et le mensonge.

What_is

1 mai 2008

Pensées dans le vide.

* DIEU est un géomètre : le temps est un cercle ; la vie, une courbe qui monte et qui descend, et parfois qui stagne.

* L'égoïsme : à l'origine des actions les plus viles de l'homme ; l'égoïsme encore : à l'origine des créations les plus élevées de l'homme.

* « Tu es égoïste, pense un peu aux autres ! » Et si la personne qui lançait cela à la face de son interlocuteur était tout autant égoïste que lui, voire plus ? Car « penser aux autres », cela signifie également... « pense donc aussi à moi ! »

* L'ataraxie est seulement ce délicieux moment de repos, que l'on goûte un temps, à l'ombre d'un arbre de paix, avant de repartir poursuivre son chemin sous le soleil ardent.

* L'approbation à la vie est comme une signature que l'on dépose en bas d'un contrat - un contrat dont on ne connaît pas toutes les clauses, une signature dont l'encre s'estompe au fil du temps et se noie sous nos larmes. Une approbation à toujours renouveler, tant que l'encre coule encore dans notre stylo.

03satan

16 avril 2008

Suspendue au-dessus du chaos spatial, au-dessus

Suspendue au-dessus du chaos spatial,

au-dessus des trous noirs, au-dessus du brasier,

suspendue à un vertige de filaments,

une araignée cosmique tisse deux étoiles,

les colorie de ses huit pinceaux rayonnants ;

deux étoiles peintes entre Vénus et Saturne :

une est toile bien vernie de vert lumineux,

l'autre, émoi mal encrassé de noir silencieux ;

et les deux étoiles ensemble fuient, filent filent

un amour plutonique qui grandit grandit

et croît à l'infini - ô nébuleuse union

des corps célestes, des poussières dorées !

Le Soleil sait, brûle brûle tout et s'éclipse.

A trois mille cent années lumières de toi,

                                                                             le froid, le vide interstellaire me sidèrent.

A trois mille cent années lumières de toi,

                                                                             l'écho de ta voix lactée m'appelle et                 se perd

                                                                                                                                                        (me perd).

A trois mille cent années lumières de toi,   

                                                                              ta voix lactée vibre, vibre, coule et                  se noie

                                                                                                                                                        (me noie). 

                                                                                                         

                                    Je vois briller et s'éteindre une lueur verte

Je vois briller une lointaine lueur verte                 Je vois s'éteindre une lointaine lueur verte

Hors de l'espace-temps l'univers est ouvert         Dans mon atmosphère l'univers est clos

Je m'y engouffre et, à tâtons,                                  Je m'y cogne heurte et, à tâtons,

Je m'élance à la conquête de ton espace               Je me débats dans cette toile d'araignée     

                                     Je vois briller et s'éteindre une lueur verte

                                                   Hélène a les yeux verts

                                                         Ils m'absorbent.

Suspendue au-dessus du chaos spatial,

au-dessus des trous noirs, au-dessus du brasier,

suspendue à un vertige de filaments,

une araignée cosmique tisse deux étoiles,

les colorie de ses huit pinceaux rayonnants ;

deux étoiles peintes entre Vénus et Saturne :

une est toile bien vernie de vert lumineux,

l'autre, émoi mal encrassé de noir silencieux ;

et les deux étoiles ensemble fuient, filent filent

un amour plutonique qui grandit grandit

et croît à l'infini - ô nébuleuse union

des corps célestes, des poussières dorées !

La Lune se tait, glace glace et ternit tout.

Sous la Terre, dans sa tanière, l'araignée trépigne.

La matière noire fonce en feu à travers l'espace, la cé ré !

Sous la Terre, dans sa tanière, l'araignée                                   tressaille.

Des cendres refroidies projetées dans les brèches.

Elle tressaille.

Sous la Terre, dans sa tanière, l'araignée cosmique mastique sa proie comique.

Sous la Terre, dans sa tanière, l'araignée cosmique déchiquette sa proie comique.

                                                        Elle me dévore.      

Sous la Terre, dans sa tanière, dans ma tête.

                                                        Elle me dévore.

Sous la Terre, dans sa tanière, dans ma tête.

                                                        Elle me dévore.

Sous la Terre, dans sa tanière, dans ma tête.

Pendu au-dessus du chaos spatial,

au-dessus des trous noirs, au-dessus du brasier,

Pendu à un vertige de filaments,

Pendu à un vertige de sentiments,

A trois mille cent années lumières de toi,

je vois briller et s'éteindre une lueur verte,

je me débats dans cette toile d'araignée,

Hélène a les yeux verts, ils m'absorbent et me noient.

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16 avril 2008

Dans la plaie encore saignante de la souffrance,

Dans la plaie encore saignante de la souffrance, s'insinue la question du sens de la vie - qui gangrène tout l'esprit.

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15 avril 2008

Du haut des nuées crasseuses et gorgées

Du haut des nuées crasseuses et gorgées d'orgueil
la Pluie se penche et prise de vertige devant le précipice de brumes
chancelle
laissant s’échapper quelques unes de ses gouttes
quelques gouttes
quelques fines gouttes
de Pluie qui perlent
qui lavent l'azur noirâtre
et qui entraînent à leur suite de formidables trombes d’eau
la Pluie se penche et prise de vertige chancelle et
             
               
                  (un cumulonimbus suffoque
                             suinte et                éclate)

                                       tombe.
En  chœur     Tlaloc !     en assonance   Tlaloc !    en accord    Tlaloc !                  
           en débris                                 en concert
                              Tlaloc !     en rythme       Tlaloc !      
     en harmonie mouillée
                 en cadence                             raides mortes   Tlaloc !
                                        Tlaloc !          
  par nuées       
les gouttes dansent cognent dansent sur les vitres au rythme de leur petit clapotis, de leur petite musique folle et mélancolique
un bruit qui scande les secondes précipitées et perdues à écouter le bruit de la Pluie

un bruit qui bat le mesure du Temps
du mauvais Temps qui ruisselle
à la figure du carreau poussiéreux
puis 
exténuées
les gouttes dégoulinent en de longs lambeaux d'eau

alors
la Pluie lacère les vitres
et le Temps s’insinue lentement dans les fêlures

le verre vole en éclats et tout miroite sous l'eau brillante

après la pluie le beau Temps

(s'écoule le long de la rigole, les yeux encore humides).

                                 

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The rest is silence.
  • « le cou de la colombe brille à chaque mouvement »... Et si Néron - ce César artiste qui, la lyre à la main, chantait devant sa ville incendiée - était notre plus grand poète ? Ainsi le reste ne serait que silence.
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